Noëlie Vannier // Culture, Festivals // Volume 15, Édition 2 – 8 juillet au 26 août 2014
Quoi de plus banal que de voir un couple homosexuel se tenir par la main à Vancouver. Sans stigmatisation, une multitude de façons de vivre sa sexualité existe bel et bien dans cette ville. A partir du 23 juillet et pour trois semaines, le festival Queer Arts Festival s’offre le droit de montrer et de célébrer les arts et les cultures queers, entre héritage et regards tournés vers demain !
Pour cette 5e édition, le Queer Arts Festival honore des artistes, confirmés ou débutants, âgés de 18 à 80 ans, venant de 27 pays (Australie, Russie, Iran, Canada, États-Unis…) et rassemblés sous le thème des « RéGénérations », ou comment se réinventer tout en transmettant son héritage. Pour Rachel Iwaasa, directrice artistique de la section théâtre, cet événement est l’occasion « de montrer la diversité des communautés queer et de sensibiliser sur leur apport dans la culture grand public. La culture est un moyen efficace de sortir de la marginalisation. » Le programme pertinent du festival vient questionner les limites de la société à travers des performances scéniques (danse, théâtre, chant, littérature), des expositions, des films ou encore des ateliers.
Définir la communauté queer est pour ainsi dire impossible tant elle se révèle diverse : bisexuels, homosexuels, transsexuels, intersexuels, troisième genre, groupes en-dehors des normes sexuelles. Si tous s’identifient sous l’appellation queer, il n’en demeure pas moins qu’ils n’ont pas les mêmes combats. L’importance d’être reconnu comme artiste queer leur permet de défendre un patrimoine. Pour 2014, l’intergénérationnel fait émerger de nouvelles perspectives, notamment artistiques.
L’héritage de la culture queer
Cette année les différentes générations sont mises à contribution. Objectif : travailler ensemble pour générer et régénérer le courant artistique queer, mais pas seulement, car derrière l’art se trouve l’engagement ! Des ponts ouvrant à la discussion. D’après Rachel,
« ce ne sont pas les plus âgés qui enseignent aux plus jeunes, tous apportent quelque chose. L’héritage est immense, 80% de la culture provient de la culture queer : Shakespeare, de Vinci ! C’est une contribution à ne pas négliger dans la culture grand public d’aujourd’hui ! »
Sur place, on retrouvera Olivia B, une jeune artiste vancouvéroise de 21 ans qui mélange le chant, la danse et le théâtre. Elle se dit « inspirée » par le contact avec des artistes issus du monde entier, de divers milieux et de diverses générations. Sa seconde participation lui donne ainsi l’occasion de soutenir un festival jeune tout en développant son art : « J’espère que je participe à l’ouverture d’esprit des gens, je fais de mon mieux pour faire progresser les choses. »
Une vision de l’international
Un des temps fort de cette édition sera l’exposition visuelle Queering the International, portée par l’artiste interdisciplinaire de renom Laiwan, qui a su regrouper des artistes de 21 pays pour sensibiliser et alerter sur la condition queer dans le monde. Aborder l’identité queer d’un point de vue international procure une autre dimension au festival. Plus que les communautés queers, ce sont des questionnements d’humanité qui se posent.
Les travaux proposés sont différents du fait qu’ils répondent à des problématiques différentes, ce qui multiplie les visions. Ainsi, l’artiste indien Tejal Shah travaille sur les stéréotypes, ou encore l’artiste sud-africaine Zanele Muholi qui explore la condition lesbienne et les violences subies. A travers ces collaborations, ce sont des plateformes artistiques qui naissent. Comme le souligne Laiwan : « Il s’agit de savoir comment construire le futur en s’appuyant sur le passé. Le passé est une base de travail pour comprendre quelles peuvent être les possibilités de demain. »
La dimension politique peut faire émerger de nouveaux artistes par nécessité de défendre des causes. Laiwan pense que pour Vancouver, « le temps est venu d’ouvrir les yeux : regarder la condition queer ici et voir ce qui ce passe à l’étranger, les gens sont prêts pour le changement ! ». Et quoi de mieux que l’art justement pour éduquer ? « C’est un moyen plus gai et accessible à tous qui suscite la curiosité, et donc attire les regards. C’est un beau moyen de le faire, avec empathie et poésie ! »
Queer Arts Festival :
ReGenerations. Dare to be challenged. Risk being changed.
Du 23 juillet au 9 août
The Roundhouse Community Arts & Recreation Centre